Lettre à mon nouveau-né
Voici ce que je souhaite que tu saches et retiennes en grandissant.
A mon nouveau-né,
Je t’écris cette lettre alors que je te contemple dans ton berceau, en train de dormir paisiblement. Je viens de finir de te donner à manger et je fredonne encore ce petit chant pour enfant qui dit : « Le royaume appartient aux enfants, et j’en fais partie. » J’ai alors cherché dans la Bible ce que Jésus disait à propos des enfants dans Marc 9, 37 : « Quiconque reçoit en mon nom un de ces petits enfants me reçoit moi-même ; et quiconque me reçoit, reçoit non pas moi, mais celui qui m'a envoyé. » Alors que j’essaye de comprendre ce verset, je ne peux pas m’empêcher de repenser à notre récente expérience.
Je me rappelle clairement comment ton père et moi comptions les semaines avant de pouvoir enfin voir la sage-femme te remettre doucement entre nos mains. Nous nous imaginions déjà en train d’appeler nos familles respectives et nos amis pour les informer de ton arrivée, et les voir arriver en visite à l’hôpital pour nous faire de gros câlins. Mais il n’allait pas en être ainsi.
Nous étions en mars 2020. Comme depuis le début de l’année, les informations ne parlaient que de l’évolution de la COVID-19 – mais cette fois-ci, c’était en Europe. La pensée d’avoir un bébé pendant cette période ne m’avait pas même effleuré l’esprit, et l’idée que la COVID-19 s’approchait de nous en Norvège était alors loin de ma pensée. Mais l’inattendu est arrivé.
J’ai été transportée d’urgence à l’hôpital, parce que ma poche des eaux s'était rompue trop tôt. J’ai dû passer des tests et être sous surveillance quotidienne pendant presque deux semaines. J’ai rencontré différentes infirmières et sages-femmes pendant que j’étais à l’hôpital, et elles avaient toutes un seul sujet à la bouche : la COVID-19. Elles m’ont informé des règles de l’hôpital. Aucun visiteur autorisé. Je n’avais pas le droit de quitter ma chambre, car c’était le plus sûr compte tenu de ma santé ; nous ne pouvions pas nous permettre d’attraper un virus dans mon état. Les papas n’avaient que le droit de rejoindre les mamans dans la salle d’accouchement, mais ensuite ils devaient partir le plus rapidement possible. Et s’ils étaient en quarantaine, ils n’avaient pas du tout le droit d’entrer dans l’hôpital.
Ce n’était pas tout rose comme expérience, c’est sûr. Par moments, je rêvais de pouvoir être autre part : à la maison, en train de manger un bon petit plat fait-maison avec ton papa, ou simplement autre part qu’à l’hôpital. Mais je sentais que les bras de Dieu m’entouraient et me réconfortaient, et à la fois, ils m’exhortaient à mettre de côté ce que je ressentais, et à plutôt penser à toi et à ta santé. Parfois, je m’ennuyais tellement et je ne savais pas quoi faire. Je priais que Dieu m’aide et qu’il m’envoie des idées, comme par exemple envoyer des messages à certains amis pour leur demander comment ils allaient, ou alors même l’idée de te tricoter une couverture. C’est incroyable de voir que Dieu ne répond pas seulement avec de l’aide spirituelle mais aussi avec des choses pratiques !
J’avais peur de ne pas être prête, de ne pas avoir tout ce que j’aurais aimé prévoir pour toi avant ton arrivée. Mais le verset en Colossiens 3, 2, « Affectionnez-vous aux choses d'en haut, et non à celles qui sont sur la terre » m’a beaucoup aidée. Cela ne servait à rien d’avoir préparé pour toi une chambre parfaitement organisée si j’étais une maman pleine d’inquiétudes et de craintes.
Puis un jour, la docteur est entrée dans ma chambre avec le résultat d’un test qui lui faisait penser que le moment était venu pour toi de venir au monde – cinq semaines plus tôt que prévu. Le processus devait commencer le jour-même. Puisque ton papa était en quarantaine, cela signifiait une chose incontestable – j’allais devoir accoucher seule.
Pendant que la sage-femme me préparait pour que je puisse t’accueillir, nous avons envoyé des messages à nos amis et à nos familles pour leur demander de prier pour nous. Plus tard ce soir-là, tu étais sur ma poitrine. Chaud - aussi chaud que la bouillotte que j’avais tenue contre moi plus tôt ce jour-là. Tout s’était bien passé, et la docteur était satisfaite des tests qu’elle nous avait fait passer, à toi et à moi. Cinq jours plus tard, nous étions prêts à rentrer et à rencontrer ton papa pour la première fois !
« Pourquoi moi ? Pourquoi tout cela ? Pourquoi maintenant ? » Durant mon séjour à l’hôpital, ces questions surgissaient souvent dans mes pensées. Mais alors, en essayant de comprendre les versets en Jérémie 29, 11-13, ces derniers m’ont beaucoup aidée : « Car je connais les projets que j'ai formés sur vous » – cela veut dire qu’il savait que cela allait m’arriver – « projets de paix et non de malheur ». Il veut que j’aie la paix – la paix en toutes circonstances. Il veut que je sois certaine qu’il a tout sous contrôle, et que je n’ai pas besoin de douter ou de m’inquiéter de quoi que ce soit ! « Vous m'invoquerez, et vous partirez ; vous me prierez, et je vous exaucerai. » Il veut que je lui parle de la situation et il m’écoutera ! Même s’il connaît ma situation, il veut quand même que je lui parle, et cela signifie qu’il s’intéresse à la manière dont je perçois la situation et à voir si je m’appuie sur lui dans mes circonstances. « Vous me chercherez, et vous me trouverez, si vous me cherchez de tout votre coeur. » Au moment où j’analysais cette partie du verset, j’étais dans un parfait repos. Il l’avait dit lui-même. C’est la seule chose qu’il attend de moi : que je le cherche de tout mon cœur. Cela veut donc dire que lorsque je rencontre une situation – que ce soit à l’hôpital, ou à la maison, ou au boulot, que ce soit de grandes choses ou de petites situations quotidiennes – si je le cherche de tout mon coeur, je le trouverai et je pourrai lui parler, et il me donnera tout ce dont j’ai besoin pour traverser la situation et pour rester dans la paix et le repos ! Personne ici sur terre ne peut me donner une telle assurance !
Cela a finalement été une expérience très différente de celle à laquelle je m’attendais en imaginant te rencontrer – mon premier bébé. Mais lorsque je regarde en arrière, je peux sincèrement dire que c’était mieux que tout ce que j’aurais pu imaginer ! Je ne pouvais parler avec ton papa que par téléphone, mais j’ai pu parler avec Dieu à tout moment, et apprendre à mieux le connaître. Je n’ai pas pu avoir de personnes en visite, mais Dieu était là chaque jour et il veillait sur moi – sur nous. J’étais seule dans la salle d’accouchement, mais je pouvais sentir que la pièce était remplie d’anges qui priaient pour nous !
Donc si un jour tu me demandes quelle expérience cela a été de te mettre au monde, je n’aurai qu’une chose à te répondre : cela a été une expérience magnifique et toute particulière. Dieu ne m’a pas juste promis que tout allait bien se passer pour moi à l’hôpital, mais cela m’a confirmé qu’il veille soigneusement sur nous dans chaque petite chose qui arrive, et qu'il entend nos prières si nous le cherchons de tout notre cœur. Et c’est ce que je souhaite que tu saches et que tu retiennes en grandissant.
Avec amour,
Ta mère.
Ces écritures sont tirées de la Version Segond 21, Copyright© 2007 Société Biblique de Genève. Utilisée avec autorisation. Tous droits réservés.